Les parents sont souvent les premiers à se rendre compte que leur enfant présente des comportements inhabituels. Il arrive encore que certains ferment les yeux sur ces phénomènes par peur, inquiétude…
Pour un premier enfant, il n’est pas toujours évident pour les parents de repérer certaines situations inhabituelles, ne serait-ce simplement que par manque de comparaison. Ce n’est pas parce qu’un enfant ne « rentre pas dans toutes les cases » qu’il y a obligatoirement quelque chose, et une visite chez un spécialiste ne veut pas forcément dire qu’il y a un problème. C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à consulter.
Plus tôt l’autisme d’un enfant sera dépisté (il n’est pas nécessaire d’attendre le diagnostic précis), plus rapidement un accompagnement et une éducation adaptés pourront être mis en place, sachant que la plasticité cérébrale d’un enfant en bas âge optimisera leur efficacité. Une prise en charge précoce d’un enfant atteint de TSA, c’est mettre toutes les chances de son côté pour sa vie future.
L’autisme se manifeste avant l’âge de 3 ans et affecte 4 garçons pour 1 fille et se caractérise par 3 éléments :
- Impression d’indifférence au monde extérieur
- Absence de sourire en réponse ou sourire tardif
- Désintérêt pour les personnes , défaut de contact
- Impassibilité face à la présence d’autrui
- Indifférence aux stimuli sonores (impression que l’enfant est sourd) ou hyper réaction
- Absence de réaction à l’appel de son prénom
- Absence des bras tendus dans l’anticipation d’être porté
- Refus d’être réconforté, refus de l’étreinte
- Activités solitaires
- Ne pointe pas du doigt
- Absence ou retard du langage (ou arrêt après un début de langage)
- Incapacité à communiquer, soit par la parole soit par le geste soit par des mimiques
- Compréhension très limitée ou très particulière
- Difficultés à imiter les expressions du visage ou certains gestes, comme montrer du doigt, applaudir, ou saluer
- Absence de réponse face aux tentatives de communication d’autrui
- Anomalies de forme, de contenu du langage : tendance à répéter ce qu’il entend, écholalies immédiates ou différées (répétitions de phrases, de jingles, etc.)
- Langage utilitaire présent mais limité (demande d’objet, de nourriture, d’attention…), alors que le langage est peu utilisé pour des interactions sociales appropriées à l’âge
- Prosodie particulière (absence d’intonation appropriée)
- Manipulation particulière des objets (les faire tournoyer ou les aligner)
- Attachement excessif à des objets inhabituels
- Mouvements inhabituels du corps (balancements, battements rapides des mains en ailes de papillon)
- Réactions anormales aux stimuli visuels face aux objets (fixation d’un objet ou de la lumière pendant de longues périodes)
- Intolérance face au changement d’éléments même insignifiants de l’environnement se manifestant par des larmes ou de la colère
- Insistance à poursuivre strictement les actes routiniers
Notre témoignage
Notre fils était un bébé calme, souriant, câlin, qui a fait ses nuits à 3 mois, qui gazouillait, qui avait bon appétit, et a prononcé ses premiers « papa » et « maman » vers 8 mois… Il a marché à 18 mois. Il était alors passionné par les puzzles, et était capable de se concentrer pendant de longs moments. Bref, nous n’avions pas d’inquiétude jusqu’à ce que petit à petit, les mots s’arrêtèrent. Des caprices apparaissaient lorsqu’on le sortait des puzzles alors qu’ils n’étaient terminés, ou dès lors que quelque chose d’imprévu arrivait. Il n’aimait pas les changements. Il jouait souvent à aligner ses jouets.
Nous commencions à nous poser des questions, mais nous associons cela au fait qui lui faille trouver sa place dans la famille, car il avait 19 mois lorsque ses petits frères jumeaux sont arrivés. Il a les yeux très clairs et cela attirait les regards, mais il se mettait dans de grosses colères en criant, se roulant par terre lorsque quelqu’un s’approchait de lui pour lui dire bonjour…
Notre inquiétude commençait à grandir. Après concertation avec notre médecin, nous l’avons emmené chez un ORL car il ne répondait pas à son prénom ou lorsqu’on lui posait une question. Pas de problème de ce côté là. Il faisait souvent des caprices au moindre imprévu et faisait des terreurs nocturnes.
À 2 ans passés, il ne montrait pas du doigt, courait sur la pointe des pieds, ne savait pas sauter, parfois se mettait les mains sur les oreilles, s’amusait à tourner sur lui-même, alignait ses jouets, fuyait les regards… il avait changé. Notre famille nous en a parlé, ce qui n’était pas évident pour eux, notamment une belle-sœur qui travaille avec des petits de son âge et nous en sommes venus à la même conclusion : notre fils avait besoin d’aide. Nous avons consulté une pédiatre qui nous avait été conseillée et qui nous a dirigés en urgence vers le CAMSP de Dax. Notre fils a alors 2 ans et 7 mois lorsqu’au bout de 15 minutes de rendez-vous, la pédopsychiatre nous annonce : « votre fils a un trouble autistique. » nous étions soulagés de mettre un nom sur ses particularités, de savoir qu’effectivement, il y avait bien quelque chose.
Mais nous étions également effondrés… Beaucoup d’interrogations occupaient notre esprit : « que va-t-il se passer ? Va-t-il pouvoir vivre normalement ? Pourra-t-il faire des études, fonder une famille, être autonome ??? Heureux ???…. »
Après quelques explications sommaires, nous avons réalisé que ce qu’on interprétait comme des « caprices » ou des « colères » étaient en réalité des CRISES D’ANGOISSE. Après avoir un peu accusé le coup, « fait le deuil de l’enfant rêvé », nous avons accepté le diagnostic. Sans même se le dire, nous nous sommes fait une promesse : mettre tout en œuvre et faire tout ce qu’il était possible de faire pour que notre fils se sente bien et évolue le mieux possible. Nous avons fait un dossier à la MLPH. Nous avons eu le diagnostic officiel suite à un bilan réalisé par l’équipe EDAP (Equipe de Diagnostic de l’Autisme de Proximité des Landes) rattachée au CAMSP des Landes 1 an et 3 mois après le dépistage. Notre fils est « autiste de haut niveau ».
Il a aujourd’hui 5 ans et demi et est suivi au CAMSP de Dax et de Saint -Vincent-de-Tyrosse depuis le début. Il a énormément évolué depuis sa prise en charge. Il est suivi par une éducatrice spécialisée, une orthophoniste, et des psychomotricien(ne)s avec des séances individuelles ou en groupe à raison de 4 rendez-vous par semaine. Il a fait sa rentrée scolaire à l’école du village en maternelle accompagné de son AVS. Il n’est scolarisé que le matin car il n’est pour le moment pas prêt à suivre des journées complètes d’école en plus de ses rendez-vous au CAMSP.
Notre fils a besoin de moments de calme dans son environnement avec ses jouets et ses repères pour se rassurer et se reposer.